De la gentillesse, de l'affection. Tout cela ne semblait pas réel. Vous savez, comme dans un rêve. « merci » répondit-elle dans un murmure. La blonde ferma les yeux et dégagea son bras ensanglanté. Ses mutilations, sa honte, ses fragilités. Elle se sentait faible pour en arriver à ce point-là, comme si une simple lame de rasoir pouvait éradiquer... le vide. Ces petits bouts de métal représentaient sa seule solution, son seul remède. Elle refit glisser sa manche et essuya les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Impossible de se soucier d'autre chose quand on perd son sang, non rien, seulement cette couleur rouge, et ces picotis qui vous traversent la chair et vous rappellent que vous pouvez toujours ressentir certaines choses. Sans rien dire de plus, elle se tourna sur le dos, serrant sa main toujours aussi fort entre ses doigts. « Théo ? » demanda-elle simplement en posant son autre main sur la joue du garçon.

(c) AMIANTE

Spoiler:

N'y a-t-il rien de pire que le regret ? Si, sans doute. Bien que le regret soit au fond un sentiment qui vous bouffe de l'intérieur. Elle ne voulait pas être bouffée par le regret, par ce sentiment étrange qui vous enfonce et vous détruit petit à petit. Non, elle ne voulait pas retomber dans ce gouffre qui avait bien failli l'engloutir pendant si longtemps. Son regard se perdit dans ses yeux d'un bleu étrange. Elle le regardait, le fixait. Sa main se baladait sur son visage, son front, son nez, ses lèvres, comme si elle le découvrait pour la première fois. Elle en mourrait d'envie. le regard qu'il lui portait, ce regard d'un bleu étrange, ce putain de regard la hantait en permanence. Jour et nuit. La blonde se redressa, s'assit sur ses jambes et le serra aussi fort qu'elle le pu entre ses bras. « Je peux rester ici ? S'il te plaît...» Son âme était aussi froide que sa peau et son cœur battait aussi fort qu'une batterie. Elle le détestait, le haïssait. Elle se sentait tellement faible et fragile, comme une petite poupée de chiffon qu'il aurait pu manipuler selon ses souhaits.

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À croire que tout avait toujours été si simple, juste eux deux dans une chambre, eux deux enlacés dans les bras l'un de l'autre. La blonde ferma les yeux, laissant vadrouiller ses mains quelques secondes sur ses hanches. Dany Elle se raidit, à croire que ce prénom, elle l'avait effacé de ses pensés depuis des années déjà. Son simple geste lui avait remémoré ses pensées ses actions, Dany Dany Dany Dany. Oubliée, cette histoire elle l'avait refoulé au plus profond d'elle-même, verrouillé à double tour et jeté au plus profond de son inconscient. Elle n'avait jamais osé en parler à personne et pourtant, quelqu'un aurait peut-être pu arrêter cette histoire... finalement elle s'était débrouillée toute seule, comme toujours, car les autres ne comprennent, pas, les autres ne cherchent pas à comprendre et posent sans cesse des questions, pour satisfaire leur curiosité malsaine. Ange n'aimait pas les questions, et Ange ne voulait plus qu'on la touche comme lui avait pu le faire. Certes les circonstances n'étaient pas les mêmes, mais elle n'était pas prête, elle n'était pas prête à ce qu'un autre homme puisse la toucher ainsi. « Arête » gueula-t-elle. Elle le repoussa violemment et se releva sans rien dire de plus, puis se rassit par terre, contre le mur, les genoux contre sa poitrine, les mains à moitié sur son front, à moitié dans ses cheveux. Dany Dany Dany Dany.

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Reprends toi. Elle releva la tête, le regarda dans les yeux et se redressa. « c'est bon, ça va » elle n'avait pas envie d'en parler, cette histoire elle préférait l'oublier, la ravaler au fond d'elle-même une bonne fois pour toute, comme elle avait pu le faire durant toutes ces années et comme le reste des choses dérangeantes qu'elle pouvait accumuler. Et puis même, le mec était bourré, il était complètement déchiré, alors autant se confier à un mur ou un caillou trouvé dans le jardin. Il ne s'en rappellerait pas de toute façon. Il ne s'en souviendrait pas. Calme, ou du moins essayait-elle de l'être, elle avait enfoui toute la colère des heures passées pour quelques minutes et lui attrapa son bras « Ce n'est rien, mais s'il te plaît ne le refait plus. » Ce n'était que de simples caresses, de simples gestes affectueux pour qu'elle finisse comme toutes les autres, dans son lit, dans ses bras. Elle se releva, frotta doucement son nez, tic nerveux qu'elle tenait de sa mère et se posa dans l'encadrement de la porte. « Je pensais ce que je disais tout à l'heure, je te hais, je te hais vraiment, bien plus que je ne le voudrais et ça en devient ridicule. C'est complètement ridicule. Tu sais, tu avais peut-être raison quand tu disais que je suis jalouse, je dirais même que je me comporte comme une gamine capricieuse, mais toi t'es un connard et tu ne comprends rien. Je t'aime Théo, enfin je crois, je n'en sais rien, je m'en fous, je n'y comprends rien. » La blonde n'ajouta rien et se réfugia dans sa chambre qu'elle ferma à clé et s'allongea sur son lit. Écouteurs dans les oreilles, elle n'entendait plus rien. Dormir, oublier, s'évader, il n'y avait plus que cela à faire.

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