CAPITAINE FRACASSE.

Moi j'ai trouvé la solution, je l'ai dit à Ugo tout d'un coup, JE SAIS CE QU'IL FAUT FAIRE. Je lui ai expliqué le plan et là il m'a regardé de très haut, mais pas parce qu'il fait quatre mètres, la tête dans les nuages. C'est rien qu'une histoire de folie.
- T'es fou,
il a dit.
Et puis il a disparu.
Il m'énerve des fois, je vais lui faire la tête pendant quelques jours, il mérite rien de plus, à toujours faire le grand, l'adulte, quoi. C'est pas rien mon affaire, c'est une mission très importante, il s'agit de remettre des sourires sur la bouche d'une très jolie fille.
- Iseult !
Je crie derrière la porte, elle s'ouvre très vite, sur Iseult, la belle. Triste.
- Iseult, viens, je sais c'qu'on va faire.
Pour l'instant c'est secret, je la prends par la main et c'est tout.
Je l'ai toujours su, où elle était, maman. Mais je me suis dit qu'elle avait certainement pas été se percher là-haut pour que je vienne l'y embêter, la déranger avec mes sentiments tristesse, j'ai toujours respecté son choix de partir en voyage, même si ça voulait dire qu'elle devait nous abandonner, papa et moi.
Quand j'ai rencontré Iseult, j'ai aussi su, directos, que son papa, il était exactement au même endroit que maman.
- Iseult, je t'emmène voir ton papa.

Tic tac. Tic tac. Foutue horloge. T'es dans le salon et t'essayes d'étudier, mais tu n'y arrives pas. Et l'horloge n'est qu'un prétexte. La cause, tu ne la connais pas en fait. Tout ce que tu sais, c'est que tu vas arrêter de poser ton regard sur tes bouquins et les ranger. Tu ne voudrais surtout pas les abimer. C'est bien trop précieux pour ta réussite. Ca tombe bien, y'a Dol. T'aurais pas pu le louper, vu comment il a crié ton prénom. Même pas besoin de réparer la sonnette. « Iseult, viens, je sais c'qu'on va faire. » Tu hausses les sourcils, te demandant de quoi il parle. « Iseult, je t'emmène voir ton papa. » « De quoi tu me parles, Dol ? » Il sait pourtant que ton père, il n'est plus là, comme sa mère à lui. Partis, envolés. Morts tous les deux, tout simplement. Du coup, tu ne vois pas trop où il veut en venir. Mais avec Dol, tu t'attends à tout. Vraiment à tout. Et c'est d'ailleurs ce que t'apprécies grandement chez lui. Ça te fait sourire. T'essayes de t'imaginer ce qu'il va te dire. Mais il a sans doute une plus grande imagination que toi.

Elle comprend pas et je comprends pas ... pourquoi elle comprend pas. Ça fait beaucoup de comprend et de pas, mais c'est important.
- De quoi tu me parles, Dol ?
Elle sourit, est-ce qu'elle se moque de moi ?
Oh, elle peut. Elle est belle, comme ça, c'est un soleil, elle brille de mille étoiles sur le seuil de sa maison. Alors je la pardonne, mais pas trop longtemps non plus, j'ai pas que ça à faire, de la regarder être belle.
Moi je suis en mission.
Et puis au final, moi, je m'en fiche d'aller visiter nos parents, elle me manque ma mère évidemment, c'était beau quand elle me lisait des histoires le soir avant de dormir, mais je suis pas trop pour de la déranger.
C'est pour Iseult que je fais ça.
- Ben, on va voir ton papa. Je sais où il se cache, il est avec ma mère ... ailleurs. Je sais pas si ils seront contents de nous voir débarquer, ils doivent pas avoir envie d'être ennuyés, mais bon, on est leurs enfants ...
Toujours la même tête.
Qui dit, oui, non, et puis je comprends pas.
- Tu ... tu veux pas voir ton papa ?

« Ben, on va voir ton papa. Je sais où il se cache, il est avec ma mère...ailleurs. Je sais pas si ils seront contents de nous voir débarquer, ils doivent pas avoir envie d'être ennuyés, mais bon, on est leurs enfants ...» T'es encore plus intriguée de savoir à quoi il pense. Parce que tu sais bien que sa mère, elle est aussi décédée. Mais, il croit vraiment qu'ils se cachent, tous les deux ? Tu ne penses pas toi. Parce que t'as été à l'enterrement de ton père. Et donc, t'es certaine qu'il ne soit plus en vie. « Tu ... tu veux pas voir ton papa ? » Tu as envie de savoir, que t'es curieuse. « Bien sûr que si. Tu veux qu'on aille les voir ? » Mais tu te demandes encore où il va t'emmener. Tu gardes toujours ton sourire sur ton visage. Tu l'as toujours avec toi quand t'es en présence de Dol. Il te fait toujours sourire avec ses idées qui sortent de loin. Et puis sérieusement, qui ne l'aime pas Dol ? Il est tout ce qu'il y a de plus gentil. Aimable. Généreux aussi. Et très imaginatif, surtout.

Dol, c'est une fée.
Il invente des amis à ceux qui n'en ont pas (lui), des machines à rêves pour ceux dont les esprits sont ennuagés de cauchemars (Ugo) et des mondes de la mort aussi accessibles qu'un supermarché pour ceux qui regrettent leurs proches (Iseult).
Il se donne corps et âme là-dedans, à essayer de donner de la joie à tout le monde.
Et quand on coopère pas, il râle.

- Bien sûr que si. Tu veux qu'on aille les voir ?
Je la regarde et je comprends pas.
J'ai l'impression qu'elle se moque de moi, non ? On s'est souvent moqués de moi à l'école à cause ... de mon prénom, de ma tête, je sais pas moi, ils étaient cons c'est tout. Je veux plus ça. Mes amis je les choisis comme ça : quand ils se moquent pas de moi.
Si tu commences Iseult, tu peux rayer "aller voir papa" de ta liste.
Est-ce que j'ai envie de retrouver le blond-soleil de maman, et puis ses yeux pleins de gaufres et d'amour ? C'est comme une question qui se pose pas c'est pour ça que je me demande si elle se fiche de moi. Maman, je l'aimais jusqu'au bout du monde, évidemment que j'ai envie de la revoir.
Et puis elle, elle veut revoir son papa, alors qu'est-ce qu'on attend ?
- Ben oui, je veux qu'on aille les voir, enfin, pourquoi tu m'demandes ça !
Je m'énerve un peu.
Et puis je m'arrête dans ma colère. tout doux. Agneau.
- Oui, j'ai très envie d'aller les voir tous les deux, de retrouver ma maman et de rencontrer ton papa. On y va maintenant ?

« Ben oui, je veux qu'on aille les voir, enfin, pourquoi tu m'demandes ça ! » Mais, qu'est-ce qu'il lui prend ? Qu'est-ce que t'as bien pu lui dire de mal ? Tu ne veux absolument pas qu'il s'énerve. Tu préfères quand il est doux, calme. Puis, c'est pas son genre à Dol d'être énervé. T'es pas habituée à ce qu'il le soit en tout cas. Et c'est très bien comme ça. « Oui, j'ai très envie d'aller les voir tous les deux, de retrouver ma maman et de rencontrer ton papa. On y va maintenant ? » « Bah oui, je te suis Dol. Tu m'as dit qu'il se cachait, avec ta maman. Mais alors, ils se cachent où, tous les deux ? » En fait, tu crois avoir compris. Mais t’espères avoir mal compris. Ouais, tu l'espères parce que tu sais qu'il a tort. Et tu ne saurais pas vraiment comment faire pour le lui dire, parce qu'il va vraiment s'énerver. Il ne va plus vouloir te parler. Et tu ne veux pas ça. Non, surtout pas. Dol, c'est une bouffée d'air pour toi. Dis, on doit aller où pour aller les voir ? Tu veux en être sûr, avant de lui dire, qu'il ne faut pas. Toi, tu veux vivre et tu veux que Dol vive lui aussi. Tu ne veux pas qu'il te quitte, simplement qu'il reste sur Terre, avec toi. Ce serait trop triste sinon. Mais du coup, t'aimerais bien savoir ce qu'il croit de la mort Dol. Sait-il que quand on meurt, on part à jamais ?

- Bah oui, je te suis Dol. Tu m'as dit qu'il se cachait, avec ta maman. Mais alors, ils se cachent où, tous les deux ?
Je fais rouler mes yeux, c'est pas contre elle, c'est pas conte toi Iseult, c'est contre ...
Vous, tous.
À lire des livres à l'eau de rose à regarder des films de guerre et à vous exploser les yeux sur vos choses électroniques vous oubliez où sont ceux qui ne veulent pas qu'on les embête, qui ne veulent pas de tout ça et qui disent salut, à bientôt ...
- Dis, on doit aller où pour aller les voir ?
Roule des yeux encore.
Mais comme c'est Iseult, qu'elle est belle comme le soleil, que son papa lui manque et que je l'aime comme on aime le chocolat, je montre le ciel du doigt.
(Entre parenthèses je sais que c'est pas joli, pas poli, mais il faut être sûr qu'ils comprennent.)
- Ils sont là, dans le ciel et dans les nuages, ils jouent avec les étoiles la nuit et les oiseaux le jour. Tu peux pas les voir quand ils regardent parce que, ils sont pas là-bas pour qu'on continue de les voir et de les embêter.
Je devrais y aller moi aussi, ça me ferait des vacances.
- Allez viens.
Je lui prends la main.
- On va au parc, John Laws park tu connais ? C'est là-bas qu'on entre, parce que là-bas, il y a un endroit où y a une petite colline. Et si tu sautes ...
J'souris. Je lui prends la main.